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Hélène Labadie & Melanie Akeret - Decorum

6 novembre 2021 → 5 février 2021

À propos

Le Café des Glaces ouvre son deuxième cycle d'expositions à Tonnerre avec Decorum, une exposition présentant les œuvres de deux artistes émergentes : la peintre suisse Melanie Akeret et la designer française Hélène Labadie
Dans la salle du bar, le couloir, l'une des chambres et la salle de bal, un choix de peintures de Melanie Akeret et de nouvelles œuvres en céramique ainsi que des luminaires d'Hélène Labadie entrent en dialogue.


Artistes
Hélène Labadie
Melanie Akeret
Curateur
Café des Glaces
Dates
6 novembre, 2021
→ 5 février, 2021
Texte d'exposition
Paolo Baggi

Melanie Akeret

Melanie Akeret présente une sélection de ses peintures. Dans ses installations, les dessins sont associés à des images réelles, créant ainsi un écart d'interprétation. C'est cet écart précis qui intéresse l'artiste, un écart qui, pour elle, remet en question les hiérarchies picturales et pointe vers l'arrière-plan économique et social de la peinture.
Melanie Akeret est née en 1991. Elle a fait ses études à la Head, Genève. Elle y a, en 2021, reçu le prix de la fondation Théodore Strawinsky.
Parmi ses expositions individuelles et collectives récentes, citons : Maria Bernheim, Zurich (2021), Silicon Malley, Lausanne (2021), Lang & Pult, Zurich (2021), Swiss Institute, New York (2020), FriArt Kunsthalle, Fribourg (2020), Palazzina, Bâle (2020), Wallriss, Fribourg (2019) et Forde, Genève (2019).

Hélène Labadie

Hélène Labadie est designer d'objets et scénographe. En céramique, verre, textile ou métal, ses créations semblent prises entre deux disciplines, à la frontière de l'art et du design. Largement anthropomorphes, ses objets « sont directement inspirés de personnages de films » confie-t-elle. Étranges et uniques, Ils sont proches de personnages de dessins animés qui lui serviraient à recréer ses propres fictions.
Hélène Labadie est née en 1991. Elle a fait ses études à l'Esad, Reims.  Elle vit et travaille à Paris. Elle est actuellement résidente à la Villa Belleville.
Parmi ses expositions individuelles et collectives récentes, citons : Bienvenue Art, Paris (2021) magasin Villa Noailles, Hyères (2020), LSD Gallery, Paris (2020), Bon Marché, Paris (2019), Amélie Maison d'Art, Paris (2019) et Biennale de Saint-Etienne (2015).

Texte de l'exposition

En 1975, Marcel Broodthaers présente Décor: A conquest, une exposition qui s’articule en deux period rooms, la première du XIXe siècle et la seconde du XXe. Dans la première, un crabe et un homard jouent aux cartes sur une table de jeu verte, éclairée par un projecteur. Le décor chez Broodthaers est l’expression de son intérêt pour les dispositifs qui substituent à la représentation des choses leur expérience directe. Il repose sur le double sens de « décor » qui, en français, peut signifier aussi bien le décor comme ornementation que le décor comme scénographie théâtrale ou lieu de tournage cinématographique (film set). Le décor, avec la mise en place statique de ses accessoires et son atmosphère artificielle, devient lieu d’exposition dans un sens plutôt littéral : le lieu où une action sera réalisée, où les promesses de l'intériorité s’accomplissent.

La notion de décorum présente elle aussi une ambiguïté, en signifiant tantôt le faste décoratif tantôt un ensemble de règles de bienséance à respecter. L’exposition au Café des Glaces maintient cette tension entre un apparat ornemental et la rythmique propre au rituel de l’exposition.
Le rythme est aussi un décor, une manière d’envelopper l’expérience. Dans l’épisode six de la première saison de Chef’s Table, le chef, Magnus Nilsson, décrit l’enchaînement des plats de son menu dégustation : les cinq ou six premiers, dont les portions sont plus petites, se succèdent rapidement, un toutes les 180 secondes. La première partie du repas s’enchaîne ainsi sur un rythme rapide, tandis que l’exécution de la suivante se fait selon une allure plus lente : un nouveau plat toutes les sept ou huit minutes. Au bout d’une demi-heure, le rythme revient à un niveau plus intense avec de petites portions, puis retourne à des plats plus conséquents et à un rythme plus lent. L’expérience gustative, qui comprend une trentaine de plats, s’étale ainsi sur deux heures et demie.

Le homard peint par Melanie Akeret ne joue pas aux cartes : figé et ridicule, il emplit la surface de la toile. Collé à cette surface, il en devient abstrait, comme réifié. Ce type de représentation et la gamme chromatique utilisée rappellent une peinture autrefois de bon goût, une peinture dont la contemplation serait apaisante.

Les candle sticks d’Hélène Labadie renvoient à un animisme exacerbé tout en affichant la passivité d’objets dérivés de projections anthropomorphiques. Répartis à travers l’espace, mais sans bougies qui se consument, ils semblent cependant « tenir la chandelle » de quelque expérience onirique des spectateurs et spectatrices.

Le lucid dreaming, expérience durant laquelle l’on sait qu’on est en train de dormir tout en pouvant déterminer le cours des aventures rêvées, peut être facilité par une bonne position et des exercices répétés. Performer le rêve par la mise en place d’un rituel. Cette rythmique maintient en tension la théâtralité du décorum, un dialogue embarrassé entre art et décor.

Paolo Baggi
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